Stranger Things


1983. Hawkins, Indiana. Quatre gamins jouent à D&D au sous-sol d’une maison. Il est tard, il y a école le lendemain : ils doivent interrompre le combat final contre le terriiible Démogorgon qui menace la vie de leurs personnages. Le MJ est chez lui, les trois joueurs montent donc sur leur vélo pour rentrer chez eux à la nuit tombée. L’un des gamins n’arrivera pas chez lui. Et les huit épisodes de cette première saison vont tourner autour de cette disparition tragique, qui est loin d’être la seule bizarrerie du patelin.

Ce n’est absolument pas une série policière. C’est au contraire une histoire qui invoque les films des années 80 de Spielberg, plusieurs bouquins de Stephen King, du X-Files vintage… C’est du concentré de nostalgie. Et le récit se construit sur trois niveaux :
-       les gamins qui veulent retrouver leur copain (aidés en cela par une mystérieuse fugueuse) comme si c’était un scénario de JdR
-       les adolescents qui essayent d’affronter la situation tout en apprenant à gérer leurs sentiments
-       les adultes qui affrontent une conspiration
Et ces trois niveaux de narration s’imbriquent parfaitement. On passe facilement de la naïveté des gamins à la dureté des rapports adolescents tandis que les adultes sont tous cabossés par la vie. Les trois approches sont différentes mais ne détonnent pas. C’est comme si la même intrigue était simultanément joué avec Summer Camp, Monsterheart (sans la composante monstrueuse) et Delta Green. Ça se répond, ça offre des points de vue légèrement différents sur le fil rouge narratif et ça offre une belle palette de sentiments.

Et oui, la série caresse le rôliste dans le sens du poil. Impossible de ne pas craquer pour ces gamins qui analysent cette catastrophe en utilisant leur référentiel de gamers. Quand ils se font maltraiter par des camarades de classe, ça renvoie bien évidemment à des sentiments qu’on a pu vivre quand on n’était que des petits nerds à lunette. Quand l’adolescent incompris se rapproche de la jolie fille de banlieue bien propre sur elle, évidemment que ça fait plaisir au petit asocial en nous qui en a bavé à l’époque. Et puis il y a ces adultes malheureux qui vont quand même trouver une échappatoire dans tout ce merdier malgré les coups de pute de la vie.

Il y a tellement de clins d’œil à la pop culture des années 80 qu’on ne peut pas tous les remarquer au premier coup d’œil. Il y a des affiches de film, des protagonistes qui lisent des livres de SF, des plans qui reprennent l’esthétique des films clés de l’époque, l’impression omniprésente d’être dans une histoire vue et revue mais plaisante quand même. Forcément, à ne recycler que de la matière commune, on n’est jamais surpris par l’histoire, car elle suit un sillon maintes fois parcouru par l’imaginaire collectif, mais ça participe à l’expérience. C’est comme si Spielberg avait enfin adapté le Ça de Stephen King.


Bref, c’est mitonné aux petits oignons. Un instant on a peur, la minute d’après on est attendri. Les acteurs sont tip-top (en particulier les gamins). Il ne faut pas avoir de cœur pour ne pas craquer pour cette série qui nous est taillée sur mesure. Attention, j’entends les grognements du Démogorgon. Initiative ?

Un article de Rolling Stone pour en apprendre plus sur les jumeaux à l'origine de la série.

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